
CHAPITRE 5
Je m’apprêtais à aller au cinéma avec Emir, comme nous l’avions prévu. Nous devions nous retrouver à l’école. Je pensais que j’étais en retard quand j’arrivai à l’école, mais Emir me dit qu’il était venu en avance. J’étais si excitée que je ne pouvais pas rester sur place. Nous commençâmes à marcher pour aller au cinéma. En arrivant, je voulais regarder absolument le film que j’attendais depuis un an.
On avait choisi nos places, et Emir paya les billets, j’allai chercher du pop-corn. C’était comme si mon cœur allait sortir de ma poitrine, J’étais si heureuse. Le film commença. Le fait que Emir soit avec moi me déconcentrait. Mais c’était plus ennuyeux que j’avais prévu, car j’étais un peu fatiguée. Je ne me souviens pas beaucoup du film, mais je ne savais pas pourquoi.
Sur le chemin du retour, je lui avais dit qu’il n’avait pas besoin de m’accompagner. Quand j’entrai dans ma maison, je m’étais retrouvée avec une arme à feu. J’étais entourée de cadavres, j’avais regardé autour de moi, et tout me paraissait étrange, le ciel était tout pixélisé. Puis, je remarquai au loin des animaux mais ils étaient en 2D ; je n’en croyais pas mes yeux et tout d’un coup, deux barres étaient apparues avec neuf cœurs dessus. Avant même de savoir ce que je faisais, je commençai à tirer sur les soldats. Je voulais arrêter, mais c’était comme si mon corps était possédé. Je voulais pleurer. Les choses que je faisais étaient terribles. Juste au moment où j’allais tuer une petite fille, je ressentis une terrible douleur dans mon estomac. Quand je baissais les yeux, je vis mon estomac saigner. Quelqu’un m’avait poignardé dans le dos. Je ressentis la même douleur dans ma poitrine cette fois, avant même de savoir ce qui se passait. La même douleur avait fait écho dans mon corps plusieurs fois. Je perdis connaissance. J’avais cru que j’étais morte. Je ne pouvais plus ressentir la douleur. Je pleurais.
C’était alors que j’avais eu l’impression de pouvoir revoir ma famille et mes amis en France. J’avais juste pensé que je pouvais dire à Emir que je l’aimais en face. Et puis, je n’avais plus rien senti. Tout d’un coup, j’avais été téléportée dans une salle toute noire. Je voulais bouger mais quelque chose me bloquait, je commençai à pleurer et une énorme écriture apparut devant moi : c’était écrit « GAME OVER » puis l’écriture disparut et à la suite, s’était affichés trois boutons où était écrit « START », « REPLAY » et « EXIT ». Je voulais appuyer sur « EXIT » mais tout à coup, je m’étais retrouvée au tout début de ce monde étrange. Quand je rouvris les yeux, j’avais à nouveau une arme à feu dans la main. Mon corps avait repris ses forces. J’étais à nouveau une machine à mort. Je pleurais encore, mais cette fois j’étais heureuse. J’aurais pu jurer que j’étais morte, mais j’étais vivante et je tuais des gens. Je commençai à pleurer à cause de ce que je faisais en plus. Peut-être que je méritais de mourir. Je continuais à tuer des innocents, et cette fois j’entendis une voix familière derrière moi, « Julie ? ». J’avais peur de me retourner parce que je savais que dès que je le verrais, il serait tué par ce qui me possédait. Je ne pouvais pas parler. Je voulais lui répondre, lui dire que je ne l’avais pas fait, que mon corps était possédé, mais je ne pouvais pas. « Julie, tu dors vraiment ou tu essaies d’attirer mon attention pour que je m’intéresse à toi ? » » disait Emir derrière moi.
Mais comme mon corps bougeait indépendamment de mon cerveau, j’avais dû me retourner et je commençai à tirer sur Emir. Je voulais pleurer, crier, mais mes efforts ne m’avaient servi à rien. Emir était tombé, il souffrait, du sang coulait de son ventre. Je ne pouvais contrôler mes mouvements et je commençai à tuer des gens, mais je ne pouvais pas supporter de voir Emir mourir. Même si j’étais morte et que je renaissais, rien ne me garantissait qu’il renaîtrait. Pour la première fois depuis longtemps, je pus contrôler mon corps. J’étais immédiatement allée à côté d’Emir. Il m’avait regardé et m’avait dit : « Oh, je pense que tu dors vraiment… Julie, le film est fini. Tu t’es endormie, allez, réveille-toi. » J’ouvris les yeux. Je vis Emir debout à côté de moi, et il n’avait pas l’air d’avoir été abattu, il riait. « Je ne peux pas croire que tu t’es endormie, le film était vraiment si ennuyeux ? » demanda-t-il. Et puis j’avais réalisé ce qui s’était passé. Je m’étais endormie en regardant un film et j’avais fait un cauchemar. J’étais tellement soulagée : l’idée de perdre Emir était terrible. Puis, nous avions quitté le cinéma avec Emir et je rentrai chez moi. Je ne savais pas si je devais parler à Emir de mon rêve, donc je n’avais rien dit à ce sujet. Honnêtement, j’étais assez gênée. Il fallait que j’arrête de jouer aux jeux vidéo…
Après tout, c’était notre premier rendez-vous, et j’avais dormi…
Elif Orhan, Meryem Seyhanli et Deniz Bendes, 4A