Un kaléidoscope de souvenirs (4)

Un kaléidoscope de souvenirs. © Maria Cringasu

CHAPITRE III

Le brouhaha s’élevait des rues ensoleillées de Beylerbeyi, une mixture de mots doux en turc prononcée pareillement des bouches des jeunes et des vieux, qui chatouillait mes oreilles qui s’ajustaient doucement au bruit après avoir quitté l’hôpital avec Hilal. Elle m’avait pris la main en me promettant qu’elle allait me faire voir son endroit favori dans le monde : ses yeux étincelaient avec excitation qui me remplissait de vie, moi aussi. Ses sentiments n’étaient pas vains, car Beylerbeyi devint immédiatement le quartier le plus beau dans mes yeux. 

C’était petit, c’était authentique, des rayons de soleil touchaient les feuilles vertes des arbres qui s’élevaient sur les maisons en bois et leur couleur dégradée. Le vent apportait avec lui tous les parfums et les odeurs d’Istanbul : du sel, de la saumure, la fraîcheur du Poyraz, les saveurs délicates des pâtisseries et les épiceries fines des restaurants alentour. Hilal et moi entrâmes en contact avec nos yeux et elle me guida vers le petit port qui abritait des petits bateaux de pêcheurs sur lesquels les beaux chats d’Istanbul attendaient avec impatience de la nourriture. L’odeur de la friture m’enveloppa en passant parmi la foule que formaient les queues devant les restaurants, et les « cling » des verres de Rakı accompagnés par la musique traditionnelle turque des tavernes. Les rires flottaient dans le ciel à cette belle heure sereine. Des marchands s’exclamaient sur la qualité de leurs marchandises et une petite fille tendit une fleur à Hilal avec un petit sourire. Celle-ci répondit avec un baiser sur la joue. Le Bosphore s’allongeait devant les « yalı » et les restaurants qui flottaient sur l’eau et je m’arrêtai pour une seconde en imaginant une vie ici, en paix, en sérénité et dans le bonheur. Mais je fus tirée soudainement de ma rêverie par Hilal qui tapota doucement ma main. Je n’entendis rien de ce qu’elle dit à part le mot « café » que je pus lire sur ses lèvres. Je hochai la tête avec enthousiasme et nous courûmes avec joie vers cette direction. 

Petit à petit, je me fatiguai de plus en plus. Hilal le remarqua et me proposa de m’asseoir sur un banc :
« Si tu veux nous pouvons aussi prendre le martı, comme ça on ira au café plus rapidement.
– Un martı ? Qu’est-ce que c’est ? demandai-je.
Elle me sourit.
– Les martı sont des trottinettes électroniques. Il y en a partout dans Istanbul, nous pouvons l’utiliser pour aller où nous voulons.
– Ah, c’est chouette ça ! Et ça a l’air vraiment amusant. Allons-y !
Hilal prit donc son téléphone portable pour accéder à une application qui montrait les endroits dans Istanbul où se trouvaient des martı.
– Il y en a très près d’ici, suis-moi ! » s’exclama-t-elle.
Quand nous trouvâmes la trottinette, nous réalisâmes qu’il n’y en avait qu’une seule et que nous étions deux. Nous nous regardâmes dans les yeux et sans dire un mot nous haussâmes les épaules et sautâmes sur le martı. Elle était devant, et moi derrière, accrochée à sa taille.
Mes cheveux dansaient dans le vent. Je me sentais tellement libre, comme si j’étais la vedette dans un film. Je fermais mes yeux et je pensais à tous ces moments incroyables que j’avais vécus dans cette belle ville avec Hilal. 

Nous arrivâmes au café, je soupirai de satisfaction à l’air frais qui frappait mon visage. Je pris la main d’Hilal et je la précipitai vers le stand le plus proche, nous nous assîmes et commandâmes deux limonades froides, il faisait si chaud dehors.
J’avais du mal à commander les boissons en turc. Hilal, avec un sourire plein de malice devant mon inconfort, n’essayait pas de m’aider. La serveuse, qui était très gentille, toléra mon manque de connaissances de la langue et m’aida. Quand celle-ci se déplaça vers une autre personne, je me tournai vers la fille à côté de moi : « Pourquoi ne m’as-tu pas aidée ? » murmurai-je avec colère. Elle rit et me dit qu’elle voulait que je pratique mon turc. Je pris une profonde inspiration et roulai des yeux, puis nous éclatâmes toutes les deux de rire de l’absurdité de ma situation. Quand nos limonades arrivèrent enfin, je sirotai la mienne avec gratitude en m’assurant de boire lentement. Hilal, par contre, termina la sienne en deux secondes.
« Déjà ! m’exclamai-je en riant.
Elle haussa les épaules et me sourit.
– J’ai tellement soif et il fait tellement chaud. » se plaignit-elle. 

Intéressée, je décidai de jeter un œil autour de la salle, le café était coloré dans des tons pastels, les murs en bleu pâle, la porte en jaune tendre et le comptoir de service en rose si clair qu’il semblait presque blanc. Je regardai de plus près la nourriture sur le comptoir et décidai de commander deux petits gâteaux, pour moi et Hilal. Ils étaient absolument délicieux, j’essuyai une miette de ma bouche et proclamai à ma nouvelle amie :
« Passons maintenant à des choses sérieuses ! »

J’allumai l’ordinateur de jeu.

Sanem Akın, Maria Cringasu, Amalia Gubara, Anemon Adali et Lara Sönmez, 4C

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